« Pour que naissent des super idoles, ce qui est indispensable, c’est une crise économique. » Ce propos énoncé par l’un des protagonistes de Fool’s Paradise dès les premières pages du manga surprend. C’est plutôt dans une revue de sociologie qu’on s’attendrait à retrouver ce genre d’analyse. Et pourtant, c’est bien l’un des pivots du tome 1 de cette série qui comptera 4 volumes. Quand un pays entier se met à vénérer en bloc une star, incarnation d’un « rêve [pour] celui qui veut fuir la réalité », il se fragilise. C’est l’une des théories qu’explore le mangaka, Ninjyami Misao, dans ce seinen manga qui porte à juste titre la mention « Pour Public Averti » sur sa couverture.
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L’intrigue s’ouvre alors que l’idole de tout le Japon, Sela Hiiragi, est grièvement blessée par l’explosion d’une bombe au cours d’un concert. De là, une vague d’instabilité va secouer le pays qui, faute de retrouver le coupable, va s’acharner sur plusieurs boucs émissaires… Tout en envisageant aussi qu’il peut s’agir là du nouveau forfait d’un criminel qui avait commis plusieurs attentats à la bombe quelques années plus tôt. Car même si la société japonaise a mis en place un système spécial de réinsertion pour limiter l’usage de la peine de mort, beaucoup doutent de son efficacité… Et si… ?
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Fool’s Paradise (偶像事変~鳩に悲鳴は聞こえない~ / Gûzô Jihen: Hato ni Himei wa Kikoenai), publié par Kana (un extrait du premier chapitre est visible sur le site de l’éditeur), est une œuvre surprenante par les thèmes qu’elle aborde, mais aussi par la manière dont le scénario se déploie. Critique parfois sans nuance du showbiz, c’est dans la réflexion sociale que le titre se démarque. Embrassant plusieurs spécificités de la culture japonaise (la place particulière des idoles, le rapport des Japonais à la criminalité et à la peine de mort d’autre part), Fool’s Paradise interpelle, voire déstabilise. Espérons que les auteurs seront à la hauteur des ambitions qu’ils proposent avec cette ouverture !