Je poursuis mes considérations musicales en saluant la sortie d’un autre DVD : celui du film Dig! qui a reçu le Grand Prix du Documentaire du Festival de Sundance 2004.
Dig! suit le parcours de deux groupes de la scène indépendante américaine : d’un côté les Brian Jonestown Massacre menés par Anton Newcombe, de l’autre les Dandy Warhols de Courtney Taylor. A leurs débuts, les deux groupes, qui partageaient une énergie et des idéaux communs, se vouaient une admiration réciproque. Dans l’introduction du film, Coutney Taylor explique qu’Anton Newcombe est “le musicien le plus démentiel, le plus doué [qu’il ait] connu, [son] ami, [son] ennemi, [sa] grande inspiration, [son] grand regret“. Mais là où les Dandy Warhols acceptèrent de moduler leur discours afin d’élargir leur public, Anton Newcombe ne fit aucune concession. Ce sont ces trajectoires croisées qu’Ondi Timoner a souhaité mettre en avant.
On peut reprocher au réalisateur certains parti-pris. Les Brian Jonestown Massacre sont présentés comme un groupe maudit, au talent incommensurable jamais reconnu à sa juste valeur. De tels louanges sont-ils pleinement justifiés ? S’il est une certitude, c’est que la sortie de Dig! n’a pas généré un véritable phénomène de masse en faveur du groupe. Jim Jarmusch a bien inséré un titre des Brian Jonestown Massacre sur la bande-originale de son excellent Broken Flowers, cela ne constitue pas une confirmation recevable du génie présumé d’Anton Newcombe. Dans le même genre d’exagérations narratives, citons les excès (usage de stupéfiants, comportement violent) de certains musiciens auxquels Ondi Timoner a certainement donné plus d’importance que de raison. Il faut dire que la dépravation est un impératif dès qu’on touche à la mythologie du rock’n roll.
Malgré ses petites faiblesses – inhérentes, semble-t-il, au type même de documentaire qu’ont souhaité faire les auteurs du film (les personnages réels deviennent les protagonistes d’une histoire qu’il convient de “romancer” à certaines occasions) -, Dig! est un long-métrage passionnant sur la scène indépendante américaine. De la bonne musique, un montage nerveux et un sujet passionnant… voilà quelques-uns des éléments qui font de cette oeuvre un incontournable pour les amateurs de rock !
“On peut reprocher au réalisateur certains parti-pris” : à la réalisatrice, en l’occurence.
http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/feminisation/accueil-feminisation.html
Dig! m’a laissé un arrière-goût saumatre. J’ai regretté le fait que le Brian Jonestown Massacre soit aussi complimenté, loué, mis en avant pour son génie … alors que même si Anton Newcombe fait de la bonne musique, ce n’est peut-être pas LE génie du rock tel qu’on le voit présenté… De même, les Dandy Warhols sont montrés comme fats, arrogants et imbus d’eux-mêmes, parce qu’ils ont réussi là où le BJM a échoué : faire des albums à succès.
Ce qui est amusant quand on écoute leur musique, c’est qu’au début, les Dandy Warhols se sont beaucoup inspirés du son du Brian Jonestown Massacre, c’est écoutable dans leur album “Thirteen Tales from Urban Bohemia”… alors que maintenant, ils se sont trouvé leur son (que j’aime moins, mais c’est personnel) et c’est le BJM qui s’en inspire. En vue de surfer sur le phénomène Dig! pour enfin rencontrer le succès?
Moi vieil homme, moi suivre vos débats d’un vieil oeil…
Je suis étonné de voir à quel point dans votre anti*-conformisme, vous entretenez une règle de pensée très bobo.
Hors la subversion, point de liberté, mais vous mettez des rails à la-dite subversion et donc vous la dénaturez.
Les artistes émergents doivent être inrockuptiblement corrects pour que vous les adoubiez chevaliers du 21ème siècle, mais moi ils me gonflent!
J’ai la chance d’avoir un maître de conscience nommé Morgan qui se désespère d’avoir un disciple aussi nul, mais pour l’instant je n’ai pas encore trouvé de bons artistes. Il faut dire aussi que les maisons de prod ne voient plus que les profits et pas la qualité.