Ma chronique du dernier album d’Astérix m’a valu le plus gros retour que j’ai jamais eu sur un article publié sur Hemisphair : nombreuses reprises du texte sur tout type de forums (dédiés ou non à la bande-dessinée), commentaires assez abondants, liens effectués à partir d’autres blogs. Les réactions face à cette critique sont majoritairement positives.
Quelques personnes me reprochent toutefois une analyse parfois caricaturale et interprètent plus ou moins bien mon propos :
“L’auteur de cet article en rajoute dans le dramatique, et semble découvrir aujourd’hui que les Asterix sont sur la pente descendante depuis la mort de Goscinny. Et puis bon, allons-y doucement avec les “réac”, c’est pas non plus Mein Kampf cette BD.“
A la lecture de cette remarque, j’ai jugé utile de mettre en gras les mots “entre les cultures” dans la phrase “Ce n’est pas en attisant l’opposition entre les cultures qu’on favorise la tolérance et l’ouverture d’esprit.” Je ne souhaitais effectivement pas me prêter à des conclusions hâtives sur l’état d’esprit dans lequel Uderzo a donné naissance à Le ciel lui tombe sur la tête : si l’album se prête à un second niveau de lecture, cela ne concerne effectivement pas sur une opposition entre les peuples.
Mais d’abord, il convient d’évacuer une question que Le Briographe soulève à juste titre : Uderzo n’est-il pas simplement “premier degré” ? J’ai moi aussi tendance à me rallier à cette hypothèse quant à la lecture “ethnique” de l’album. Il me paraît déplacé de conclure, à la lecture de ce 33e opus d’Astérix, qu’Uderzo aime les Américains et méprise les Japonais. Un bref retour sur les précédents Astérix et les caricatures auxquels les auteurs s’adonnaient parfois aide à le confirmer. Je rejoins donc Brio sur ce point.
Là où nos avis divergent, c’est sur l’interprétation “culturelle” de ce titre. Brio estime que “voir dans cette histoire une diatribe anti-Japon, c’est sans doute prêter à Uderzo plus de subtilité qu’il n’en a“. J’en profite pour préciser à nouveau que je ne crois pas à une attaque contre le Japon, mais plutôt contre la production culturelle du Pays du Soleil Levant. C’est-à-dire ses thématiques, son mode de fonctionnement.
Peut-être Uderzo n’avait-il aucune de ces arrières-pensées lors de l’écriture de cet album ? Seulement, même si le message qu’il souhaitait délivrer était véritablement autre, il y a un problème : car – c’est un fait – la stupéfaction qui fut la mienne en découvrant le scénario, d’autres l’ont eux aussi ressenti. Et, dans ce cas, il devient évident que Le ciel lui tombe sur la tête a été mal compris… et l’auteur a sa part de responsabilité.
Que l’intrigue présente les Tadsylwiens comme un peuple amical, à l’opposé des vils Nagmas, soit ! A ce stade, on pourrait encore imaginer qu’Uderzo a simplement souhaité caricaturer le marché mondial de la bande-dessinée. Mais ce qui m’a certainement le plus déconcerté, c’est la post-face. Cette dédicace qu’Uderzo a ressenti le besoin d’écrire pour indiquer qu’il souhaitait rendre hommage au “grand Walt Disney”. Une manière, selon moi, de “choisir son camp” dans le conflit dépeint tout au long du scénario. Et de revenir à une opposition surannée entre un certain artisanat artistique (le Walt Disney des débuts) et une production plus “puissante” – mais soi-disant moins aboutie (les fameuses “japoniaiseries” des années 80-90).
Il est désormais temps de passer à autre chose : les lecteurs de BD, occasionnels ou réguliers, méritent mieux que cet Astérix.