Je reviens d’une passionnante rencontre avec Philippe Squarzoni, organisée à la médiathèque de Rezé.
Philippe Squarzoni s’est fait connaître lors de la publication des très bonnes BDs “Garduno en temps de paix” et “Zapata en temps de guerre“.
Dans Garduno en temps de paix, il partage ses interrogations quant à ce que peut être un engagement politique. Séduit notamment par la démarche Zapatiste et les discours du sous-commandant Marcos, il décide de partir sur le terrain. En 1995, il se rend en ex-Yougoslavie pour le compte d’une ONG croate. Puis, quelques années plus tard, au Chiapas. C’est à cette époque qu’Ignacio Ramonet propose, dans les colonnes du Monde Diplomatique, de créer ATTAC.
Zapata en temps de guerre en est une suite logique. Philippe Squarzoni revient sur les motivations ayant présidé à la naissance de l’association. Il évoque aussi son engagement au sein du comité lyonnais. Et émaille son propos de considérations politiques. Le tout est servi par un dessin réaliste (de nombreuses cases ont été réalisées d’après photos, à la manière de Fabrice Neaud) et une narration particulièrement soignée (Philippe Squarzoni reconnaît d’ailleurs prendre un plaisir particulier à travailler sur le découpage préliminaire de ses oeuvres).
Dans la continuité de cet engagement, Philippe Squarzoni s’envole, en décembre 2002, pour la Palestine avec la 41e mission de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien, uniquement composée d’adhérents d’Attac. Cette expérience lui a inspiré Torture Blanche, édité en 2004.
Récemment, il a signé avec Grégory Ponchard, Drancy, Berlin, Oswiecim (qu’est-ce qui peut pousser à se rendre en ces lieux alors qu’on n’y a pas soi-même perdu un proche ?) et Crash Text (après avoir jeté son enfant par la fenêtre, un mère se demande comment elle a pu en arriver là).
Le prochain ouvrage de Philippe Squarzoni, à paraître à l’automne 2006, sera un bilan des trois années de gouvernement Raffarin : mais plus qu’une critique des hommes présents au pouvoir, il s’agira d’une analyse des lois promulguées et de la société ultra-libérale dont elles sont les vecteurs.
Que ce soit à travers ses livres ou des rencontres avec ses lecteurs, Philippe Squarzoni s’affirme comme un auteur avec un véritable message à transmettre… ou, plus exactement, un questionnement à partager. Une démarche passionnante.
Dommage que la BD (et ses auteurs) oublie bien souvent la portée politique qu’elle peut revêtir.