Se souvenir des belles choses, de Zabou Breitman

Il est des films qu’on porte dans son coeur avant même de les avoir vu dans leur intégralité. Se souvenir des belles choses est, en ce qui me concerne, de cette catégorie. J’en avais vu des bouts à deux reprises. Mais je n’avais encore jamais eu l’envie de le voir en entier parce que je savais qu’il s’agissait du genre d’oeuvres susceptibles de me bouleverser. Parce que la question de ce qui fait l’identité d’un être est au coeur de mes réflexions. Premières impressions après visionnage…

Claire et Nathalie, deux soeurs trentenaires font route vers les Ecureuils, une clinique qui a jadis accueilli leur maman, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, elles s’y rendent de nouveau car Claire (Isabelle Carré) souffre de troubles de mémoire après avoir été frappée par la foudre au cours d’un orage. La jeune femme va prendre l’habitude de se rendre régulièrement aux Ecureuils. Là, elle rencontre Philippe (Bernard Campan), un quadragénaire amnésique depuis l’accident de voiture qui a coûté la vie à son épouse et à son fils. Ils s’éprennent l’un de l’autre et vont s’épauler dans leur épreuve respective : retrouver la mémoire pour l’un, éviter de la perdre pour l’autre.

Se souvenir des belles choses est un très beau film sur l’amnésie, l’amour et, plus généralement, tout ce qui fait de nous ce que nous sommes… D’un sujet aussi lourd, Zabou Breitman aurait pu tirer une fiction terriblement mélodramatique. Elle a su éviter cet écueil en privilégiant une approche plus “légère”. Le long-métrage est conçu tel un diptyque : d’abord, la découverte de la clinique selon le point de vue de Claire ; puis l’amour entre les deux protagonistes. Le début est construit de telle sorte que le spectateur reste assez distant par rapport à l’action : il prend possession des lieux, il découvre les personnages sans nécessairement s’investir émotionnellement. Zabou Breitman dit à ce propos qu’elle a souhaité que cette première moitié soit telle une carte postale, avec des éléments qui restent en deux dimensions. Et quand l’amour naît, la caméra se permet de plus larges rotations et une nouvelle dimension apparaît. Il est alors bien difficile de rester insensible à l’histoire de Claire et Philippe. Isabelle Carré, dans un rôle difficile, offre une performance remarquable tandis que Bernard Campan (plus connu pour sa participation aux Inconnus) révèle ses talents d’acteur dramatique.

Le film se retient de donner toute leçon ou de verser dans le pathos. Il rappelle toutefois – comme l’a fait récemment Christine Devars dans Le Piano Désaccordé – que le meilleur remède contre les pires maladies restent l’amour et la fantaisie qu’on peut apporter aux personnes touchées.

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