J’ai assisté hier soir à un débat à la médiathèque Diderot avec Etienne Davodeau, auteur de BD à l’origine – entre autres – de Chute de Vélo, Rural ! ou, plus récemment, des Mauvaises gens.
Etienne Davodeau est un auteur “social“. Dans ses derniers albums, il a ainsi dépeint le quotidien de trois agriculteurs qui décident de convertir leur exploitation à l’agriculture biologique (Rural !), le parcours syndicaliste de ses parents (Les Mauvaises Gens), le mouvement de protestation des ouvriers brestois en 1950 (Un Homme est Mort). Il ancre ses histoires dans le réel (l’action se situe de nos jours, dans des milieux allant de modeste à moyennement aisé) en leur donnant une valeur de témoignage. Plutôt que de puiser dans l’inspiration des autres (comme cela pourrait être le cas pour créer un western), il préfère partir lui-même d’une matière brute et la modeler. Une démarche valable non seulement pour les “reportages” BD qu’il réalise mais aussi pour les oeuvres de fiction auxquelles il donne naissance. Ainsi de Quelques jours avec un menteur pour lequel l’auteur a puisé deux éléments de son expérience personnelle (d’une part, les retrouvailles, à 30 ans, de vieux amis qui s’étaient promis de se retrouver dix ans après leur sortie du lycée ; d’autre part, la peur des attentats qui régnait dans le métro parisien en 1995).
Au cours de cette discussion animée par Georges Mérel, Etienne Davodeau est revenu sur ses influences (pas de véritable “maître” mais plutôt une tendance à picorer à divers endroits), sur la liberté qu’octroie un format sortant du traditionnel “48CC” (le fameux album type que la BD franco-belge a longtemps promu : 48 pages couleurs avec couverture cartonnée), sur le retour favorable que lui ont valu ses dernières créations, sur sa méthode quand il met en scène des personnes réelles (il leur soumet les planches et leur donne un droit de regard quand aux propos qu’il fait tenir à leur incarnation dessinée ; par contre, il verrouille son propre discours et refuse d’y apporter des modifications – si vraiment il y a blocage, alors il préfère mettre la planche à la poubelle), …
Au final, une rencontre passionnante avec un auteur que je vous enjoins à (re)découvrir au plus vite !