Quand on ferme ce quatrième volume du Combat Ordinaire, on doit se rendre à l’évidence : voilà, c’est fini ! C’était la dernière fois que nous passions du temps en compagnie de Marco. Que nous le suivions dans cette éternelle quête de compréhension de l’esprit humain. Que nous rugissions devant certaines de ses décisions ou prises de positions. Que, tout simplement, nous regardions l’univers avec lui. Que nous questionnions le monde comme nous le ferions avec un vieil ami. L’ultime tome de la série phare de Manu Larcenet étant paru, nous allons désormais continuer seuls notre route. Forts des réflexions que cette œuvre aura suscité en nous.
Il n’y a pas de bande dessinée que j’ai lu et relu plus souvent que Le Combat Ordinaire. Ces albums m’auront accompagné durant toute ma vie de jeune adulte. Mes interrogations auront trouvé écho dans ces livres. Jusqu’à un point assez effrayant, puisque le hasard aura voulu que mon père disparaisse peu après celui du personnage principal dans la BD.
Dire que j’attendais avec impatience la conclusion de cette série est un euphémisme.
Ce quatrième tome surprend dès sa première planche. Le saut temporel entre la fin du précédent volume et celui-ci décontenance. Mais nous en comprenons rapidement la portée : Marco a changé, il a mûri. À bien y réfléchir, tout ceci était évident : les bases de sa métamorphose ont été posées dans les trois opus précédents. Le premier voyait Marco envisager enfin sérieusement une vie stable à deux (avec toute l’angoisse que cela générait en lui). Le second le montrait aux prises avec la difficulté de se réaliser professionnellement parlant tandis que, dans le troisième, il soldait ses comptes avec ses démons et se replaçait dans la marche du monde. Le quatrième et dernier tome ne pouvait donc que nous présenter un Marco plus serein (ses crises d’angoisse semblent avoir disparu), qui tente de vivre à son échelle – sans illusions mais sans cynisme – , de ne rien manquer des instants précieux que l’existence lui offre.
L’auteur conclut ainsi merveilleusement un titre qui aura marqué durablement des milliers de lecteurs. La maîtrise du trait – plus habile que jamais pour suggérer la force de chaque situation (vous ai-je dit qu’Émilie est sans doute la plus belle femme jamais représentée dans une BD ?) – se conjugue avec un scénario exigeant. Ce sans-faute couronne une œuvre majeure, intelligente et profondément humaine. Une fin à la hauteur et une série tout bonnement incontournable !
Le Combat Ordinaire T.4, Planter des Clous, par Manu Larcenet
Série (terminée) en 4 volumes
Genre : quête de soi, réflexion politique (au sens étymologique du terme)
À partir de 14 ans
Éditeur : Dargaud
Mon avis : Indispensable !
Pingback: Hemisphair - 2e saison » Blog Archive » Rencontre avec Manu Larcenet