Valérie Leulliot, Autour de Lucie : trajectoire

Intéressant parcours que celui de Valérie Leulliot, fondatrice d’Autour de Lucie. Elle a pris l’habitude de naviguer entre différents petits boulots lorsqu’elle débute la musique, à 23 ans. Elle commence alors à écrire et à composer et, après quelques prestations solo, décide de monter un groupe.
L’Echappée Belle, premier album d’Autour de Lucie sort en novembre 1994. S’en suivent des tournées qui aideront les musiciens à mûrir. Avec Immobile, qui paraît en 1997, le groupe s’affirme, les compositions sont plus réfléchies, moins influencées par la pop anglaise. En 2000, Faux Mouvement marque une nouvelle étape : le son se fait plus électronique, l’ensemble est très travaillé … ce qui fera dire à certains que l’album est trop difficile d’accès pour rencontrer un véritable succès populaire. Quatre ans plus tard, Autour de Lucie revient avec un CD plus classique, mais résolument lumineux. C’est à mon sens leur travail le plus abouti.

Au fil des ans, Autour de Lucie s’est affirmé comme un élément incontournable de la pop française, malheureusement trop souvent méconnu.

En lisant le troisième volume de Pop en France, la série de numéros spéciaux consacrés à la musique populaire en France par les Inrockuptibles, je suis retombé sur une interview que Valérie Leulliot a donné à l’occasion de la sortie d’Immobile. Des propos intéressants, qui éclairent l’histoire de l’artiste et son rapport au monde et à la musique.

[…] La musique m’est devenue indispensable : c’est le seul moment de ma vie où je n’essaie pas d’intellectualiser les choses, alors que je suis quelqu’un qui passe sont temps à tout analyser. Plus on grandit, plus l’éducation fait qu’on est obligé de serrer la main aux gens, même si on trouve que ce sont d’illustres imbéciles. […]

Je suis fille unique […], je ne parlais pas beaucoup, j’ai eu une enfance très solitaire. Petite, j’étais atteinte de mutisme. Ecrire des chansons est une rééducation que je m’impose. Je m’impose le fait de parler, de dire les choses. Parce que je les ai jamais dites avant. Même à mes parents. Ils ont divorcé quand j’avais 1 an et j’ai eu un gros problème de communication. Quand j’ai commencé à travailler, je n’arrivais pas non plus à m’exprimer. Quand je me suis sentie vraiment mal, je suis allé voir un analyste […] Je prenais ça presque comme un Cluedo, je voulais savoir pourquoi j’étais comme ça. Chaque fois que je parle de la psychanalyse, les gens se referment, c’est pris pour un luxe d’intellectuel ou d’égoïste. Dans ma famille, ça a été tabou. Mais quand on fait un enfant, on n’est pas un être de perfection, donc l’enfant va s’en prendre plein la poire, va prendre tous les problèmes de ses parents. Il faut s’en dégager. J’ai également une aversion terrible pour les contes de fées. A cause d’eux, on se forge une sorte d’éden. Enfant, on est une pâte à modeler et quand on entend à 3, 4 ans “ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants“, on pense que c’est l’aboutissement – on ne sait pas qu’ils divorcèrent et que les enfants furent des mines d’or pour les psychanalystes. Moi, j’ai cru qu’une fois qu’on arrivait au bonheur c’était fini, on y était. J’ai appris depuis que ce n’est pas une destination, et ça m’a fait beaucoup de mal. Peut-être que mes parents ne m’ont pas assez expliqué que la vie était comme ça. […]

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