2008 Vallée, de Philippe Katerine et Mathilde Monnier

2008 Vallée bénéficiait, en ce mois de février, de trois représentations au Lieu Unique de Nantes. Une création de et avec Mathilde Monnier (chorégraphe adepte de collaborations originales) et Philippe Katerine (chanteur atypique, connu pour les expérimentations auxquels s’adonne sur ses albums ; le dernier en date, Robots après tout, lui a valu une certaine reconnaissance populaire notamment grâce au titre Louxor j’adore, diffusé jusque dans la StarAc [ou la rencontre des contraires]).
Présentation du spectacle issue du dossier de presse :

2008 vallée est une extrapolation autour des textes et des musiques du dernier disque « Robots après tout » de Katerine. C’est aussi un voyage initiatique dans l’univers de ce chanteur atypique.
Dans un décor apparemment vierge, la musique est au premier plan, précédant la danse. Sept personnages en quête de l’autre vont pourtant faire l’apprentissage soit du chant soit de la danse comme un nouveau territoire à conquérir, à investir. Histoires des chansons mêlées aux fictions gestuelles, une forme apparaît sans hiérarchie entre ces deux univers. Ici, pas d’instrument de musique mais des voix et des corps qui viennent détourner les chansons et détrôner la place du chanteur et de la chorégraphe.
2008 vallée est un futur proche, sincèrement utopique, purement fictif et légèrement « hippie ». C’est aussi un paysage faussement lunaire, faussement gonflé mais au cœur  d’une rencontre bien réelle entre l’univers de ces artistes.

Je suis l’évolution de Katerine depuis quelques années, sachant que sa trajectoire a par ailleurs croisé celle d’une autre artiste que j’apprécie, Helena Noguerra. J’apprécie l’univers apparemment déjanté dans lequel il évolue. “Apparemment” car, à y regarder de plus près, les créations de Katerine se posent comme des critiques parfois féroces de notre société.

L’objectif de 2008 Vallée était de mettre en scène, de donner corps aux chansons de Robots après tout. Pari difficile mais réussi, avec un dispositif scénique original (une grande scène occupée par sept chanteurs/danseurs et leur micro), une réinterprétation de la plupart des titres de l’album, parfois combinés entre eux (ainsi de Borderline et de 20-04-2005), des moments vraiment drôles (à l’instar de ce dialogue pré-enregistré entre Katerine et Mathilde Monnier alors que cette dernière évoque ses préoccupations capilaires), un impressionnant travail sur la voix et le corps (sans jamais faire de concession à la bien-pensance esthétique qui voudrait, par exemple, que seuls des corps parfaits puissent monter sur scène ; ici, chaque interprète possède ses aspérités tant physiques que vocales, donnant sens et volume à la pièce). Cette oeuvre est une réussite, même si elle exige une ouverture d’esprit dont ne sont apparemment pas capables tous les spectateurs.

J’étais en effet assis devant six retraités qui ne se privaient pas pour déverser leur bile sur une oeuvre qu’ils ne comprenaient pas. Plus dérangeant : ils s’exclamaient tellement forts que toute la salle les entendait, jusqu’aux artistes sur scène, lors d’un moment où Katerine avait “coupé le son”. Ce comportement, déjà difficilement acceptable au cinéma, est à mon sens intolérable lors d’une représentation d’un spectacle vivant. On peut ne pas aimer, mais on respecte le travail des personnes sur scène en gardant le silence ou en s’en allant. Mais on ne s’exclame pas : “qu’est-ce qu’ils ont du fumer comme pétards avant de monter sur scène !” Je vous passe les remarques encore moins subtiles entendues au cours de cette heure et demi…

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