Kaboul Disco, de Nicolas Wild

Couverture de Kaboul Disco par Nicolas WildJe poursuis la présentation des BD qui, au cours de ces deux derniers mois, m’ont passionné. Aujourd’hui, coup de projecteur sur le premier tome de Kaboul Disco par Nicolas Wild, aux éditions La Boîte à Bulles. Un album sous forme de journal de bord, qui narre le séjour de l’auteur en Afghanistan en tant que graphiste dans une agence de communication. L’histoire s’ouvre en 2005. Tandis que son comparse Boulet termine, lui, son treizième album, Nicolas attend un hypothétique déclic pour recommencer à faire de la BD. C’est en partie parce qu’il ne peut pas rester éternellement fauché qu’il finit par répondre à l’offre d’emploi en Afghanistan transmise par une amie. Quelques jours plus tard – et après une escale mouvementée en Azerbaïdjan – le voilà dans un pays où les contrastes sont encore plus exacerbés qu’ailleurs. Des vendeurs ambulants se promènent avec des bonnets estampillés Nike, des femmes en burka ne se séparent pas de leur téléphone portable interposé, la vie quotidienne est rustique.

Le premier projet sur lequel travaille Nicolas au sein de Zendagui Média est à la fois excitant (mettre en images, sous forme de BD pour enfants, la toute jeune constitution afghane) et insensé (du fait des délais très réduits pour le mettre à bien). Heureusement, l’équipe de Zendagui est haut en couleur et l’ambiance agréable malgré quelques personnalités difficiles à dompter au premier abord. En marge de ses activités professionnelles, Nicolas – et le lecteur avec lui – découvre un pays que les médias occidentaux ont souvent caricaturé depuis l’intervention américaine en 2001. Le quotidien afghan est celui d’une région qui n’est plus en guerre, mais en reconstruction. Avec tout ce que cela génère d’insécurité (les prises d’otages ne sont pas une pure fiction, comme le prouve le milieu de l’album) mais également de progrès démocratiques (même si les candidats qui se présentent aux élections sont rarement blancs comme neige).

Nicolas Wild laisse brillamment son empreinte dans un genre où les sorties se sont multipliées ces dernières années (j’aurai d’ailleurs l’occasion d’évoquer prochainement les Chroniques Birmanes de Guy Delisle). Son récit sait être à la fois personnel, drôle (qui oserait expliquer à un Afghan que les Chrétiens célèbrent la mort du Christ en se promenant toute la journée avec une énorme croix en bois sur les épaules ?), sensible (le questionnement de l’auteur sur sa possible participation à la campagne publicitaire de recrutement de jeunes recrues à l’armée), pédagogique (concernant l’histoire et la situation actuelle en Afghanistan) sans jamais être rébarbatif. Le dessin est au service du fond : épuré dans les scènes du quotidien, il se fait plus fourni quand il s’agit de croquer les paysages afghans. Le résultat donne un livre très agréable dont la lecture nous donne, au final, la sensation d’être devenu un peu moins bête. Cerise sur le gâteau : quelques pages bonus, permettant de mieux appréhender certains des éléments présentés dans la BD (à l’instar de photos et d’extraits de la série dessinée explicitant la constitution du pays).

Kaboul Disco est le genre d’ouvrage qu’on est heureux d’avoir découvert et qu’on a envie de partager avec ses amis.

Kabou Disco, par Nicolas Wild
Tome 1, “Comment je ne me suis pas fait kidnapper en Afghanistan
Genre : récit autobiographique
A partir de 13 ans
Editeur : La Boîte à Bulles
Collection Contre-Cœur

One thought on “Kaboul Disco, de Nicolas Wild

  1. Que ce soit les Chroniques Birmanes ou Kaboul Disco, les 2 sont en train de faire le tour de ma famille qui se délecte beaucoup de tout ça (surtout ma tante qui avait fait un petit voyage en Afghanistan avant l’arrivée des soviets et a pas mal d’anecdotes aussi). Perso, il faudra que je relise Shenzhen maintenant que je suis de retour de Chine et que j’avais lu bien avant d’y partir.

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