La deuxième édition de Japan Expo Sud s’est tenue du 19 au 21 février 2010 à Marseille. Nous étions évidemment présents pour couvrir l’événement. Et puisqu’un des leitmotiv de notre association est le partage, c’est tout naturellement que nous allons inviter nos lecteurs à revivre les temps forts de la manifestation tout au long de la semaine. Retrouvez chaque jour, à 12h, un nouvel article sur Japan Expo Sud !
C’est un fait que beaucoup méconnaissent, mais l’histoire de l’animation japonaise en France a été fortement marquée par Satoshi Urushihara, mangaka et chara-designer prestigieux invité de Japan Expo Sud 2010. Car c’est lui qui a donné naissance au design des personnages de La Légende de Lemnear, OAV d’héroïc fantasy du début des années 90. Cette œuvre fut la première éditée en VOSTF en 1995 par Anime Virtual, un éditeur qui, quelques mois plus tard, allait devenir Kaze.
Lors de la Master Class qui lui était consacrée, Satoshi Urushihara a montré l’impressionnante étendue de son travail, du jeu vidéo à l’animation en passant par le manga. Il s’est employé à expliciter ses questionnements, à défendre ses convictions et à expliquer comment il cherche à utiliser la quintessence de chaque support (cellulo, dessin numérique, etc.).
Les illustrations de Satoshi Urushihara sont aisément reconnaissables par leur niveau de détails. Un foisonnement source de bien des problèmes pour les studios d’animation avec lesquels il a été amené à travailler. En effet, pour animer des dessins aussi fins, il est nécessaire de s’adjoindre les services d’un nombre important d’animateurs… ce qui a une répercussion directe sur le coût de la production ! Sans parler des soucis techniques que représente, par exemple, un personnage dont la chevelure est composée de multiples teintes de blanc. Satoshi Urushihara prend ces difficultés à bras le corps. Ainsi, il travaille toujours dans l’animation. Récemment, il a notamment réalisé les génériques de fin de Ikkitôsen et Queen’s Blade, deux animations d’une minute et trente secondes sur lesquelles il a pu déployer toute la puissance de son trait.
Tout au long de cette rencontre, Satoshi Urushihara a mis en avant son goût pour l’expérimentation. C’est ainsi qu’il s’est longtemps concentré sur le dessin sur cellulo. C’est le cas d’un grand nombre des travaux qu’il a produits dans les années 90. Un domaine dans lequel il a révélé avoir créé ses propres techniques, par exemple pour réaliser la chevelure de ses personnages : mêler l’aérographe au cellulo. Sa réflexion va évidemment au-delà de la technique. C’est ainsi qu’il évoque, dans le court extrait qui suit, son intention quant à la composition d’une illustration de La Légende de Lemnear.
Autre corde à son arc : il a su prendre le virage du numérique. Avec cette technologie, il tente d’aller dans de nouvelles directions et d’en identifier les limites.
Enfin, tout un pan de la conférence s’est focalisé sur son travail en tant que mangaka. C’est lorsque M. Urushihara travaillait sur La Légende de Lemnear qu’on lui a demandé de créer un manga à partir de l’anime. Une tâche difficile. Car si Satoshi Urushihara avait vu certains de ses aînés réussir brillamment dans la création d’un manga à partir d’un dessin animé, il n’avait – lui – aucune expérience dans le domaine. Et il ne pouvait compter, autour de lui, sur personne qui puisse l’aider dans cette tâche. Six bons mois ont alors été nécessaires à l’artiste pour trouver un angle d’attaque. Car il lui a fallu dépasser la différence essentielle entre dessin animé et manga : l’animation est une composition de dessins statiques qui créent le mouvement, alors que le manga doit, lui, donner l’impression de mouvement à partir d’un dessin définitivement figé.
La master class s’est terminée sur une très belle illustration numérique de M. Urushihara. Pour celle-ci, il a expliqué avoir eu envie de réaliser “quelque chose de typiquement japonais”. Quelle meilleure conclusion ce créateur aurait-il pu imaginer pour montrer son talent à allier la culture historique de son pays avec la modernité des dernières techniques digitales ?
Pour aller plus loin :
– Lumière d’Horizon
– Le Journal du Japon (à venir)
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