Retour d’expérience sur l’utilisation de mQlicker, application web de vote électronique, pendant un cours en amphi

Afin de renforcer les interactions en cours en amphithéâtre, de plus en plus d’établissements recourent à des boîtiers de vote électronique (aussi baptisés télévoteurs, ou clickers) : chaque étudiant présent en amphi se voit prêter un boîtier, sur lequel il est régulièrement invité à répondre à des questions posées par l’enseignant. Ce dernier dispose ainsi d’une vue globale, immédiatement consultable, sur la bonne – ou mauvaise – compréhension des concepts qu’il vient de présenter. Il peut ainsi revenir sur des notions d’évidence mal comprises. Ce système, particulièrement pertinent pour gérer de grosses promotions (au-delà de 50 étudiants), vient renforcer les possibilités d’interactions entre le professeur et les élèves.

Mais ces boîtiers sont chers, et la tendance actuelle nous fait constater que de plus en plus d’élèves viennent déjà en cours avec un ordinateur, une tablette ou un smartphone. C’est la raison pour laquelle je suis attentif, depuis plusieurs mois, à l’essor des applications web de vote électronique (j’avais par exemple précédemment expérimenté Socrative, malheureusement limité à un maximum de 50 connexions simultanées).

Lors de mon cours magistral sur les problématiques légales liées aux systèmes d’information et bases de données, j’ai testé en situation l’application web de vote électronique mQlicker.

Vue générale sur l'application web par l'enseignant, avec la possibilité de définir de nouvelles questions, de visualiser en direct les résultats d'une session, etc.

Vue générale sur l’application web par l’enseignant, avec la possibilité de définir de nouvelles questions, de visualiser en direct les résultats d’une session, etc.

Pour commencer, quelques mots d’abord sur cette application :

  • elle est gratuite ;
  • elle n’impose pas de limitations a priori du nombre de participants aux sondages ;
  • elle permet le suivi des résultats en direct à mesure que les étudiants répondent aux questions qui leur sont soumises ;
  • elle est accessible via un simple navigateur web (donc utilisable avec un ordinateur quel que soit son système d’exploitation, une tablette, un smartphone, etc.) ;
  • elle est assez puissante en termes de gestion des différentes sessions de question (possibilité de questions ouvertes, questions à réponses multiples, questions avec une unique réponse attendue, etc.) ;
  • elle permet d’exporter les résultats pour une réutilisation ultérieure ;
  • par contre, l’application n’impose pas aux étudiants de s’identifier, ce qui signifie que certains pourraient biaiser les résultats en votant plusieurs fois.

Cela dit, le dernier inconvénient n’est pas majeur dans le cas d’un amphi, où l’on souhaite surtout avoir un instantané des réponses des élèves.

Accès par un étudiant à une session de questions (ici, via une tablette)

Accès par un étudiant à une session de questions (ici, via une tablette numérique iPad)

Les modalités de mon usage de l’application étaient les suivantes :

  • j’avais demandé aux élèves de venir, s’ils le pouvaient, avec un ordinateur portable, une tablette ou un smartphone pour pouvoir réagir en direct ;
  • en amont de la séance, j’avais préparé huit séries de 2/3 questions, réparties sur les deux heures de mon cours (cela correspondait sans doute à un peu trop de questions pour deux heures de cours). Celles-ci visaient surtout à contextualiser et introduire mon propos, à différents moments clefs de la séance.

En pratique :

  • les étudiants se sont bien prêtés au jeu même si tous ne disposaient pas d’un périphérique leur permettant de prendre part aux sondages ;
  • je vidéo-projetais, via mon ordinateur, les résultats obtenus à chaque question quand j’avais recueilli suffisamment de réponses. Je discutais ensuite des résultats observés. Il bien faut penser à clore la session de vote avant de commencer à discuter des résultats car, sinon, certains étudiants votent massivement pour compenser les réponses a priori fausses (ils ont un comportement très scolaire sur ce point, alors même qu’on ne cherche pas à tracer leurs résultats individuels aux différentes questions).
  • j’ai eu l’impression que ce dispositif permettait de “réveiller” certains étudiants. Quand certains commençaient à s’endormir après un monologue de 20-25 minutes de ma part, ils étaient “obligés” de redevenir actifs quand je donnais une nouvelle session de questions à l’audience.
  • les moments où les étudiants étaient invités à répondre à une session de question me permettaient de souffler et de profiter d’une ou deux minutes de répit pendant l’amphi (les cours en amphithéâtre sont bien connus pour être énergivores).

À la fin du cours, j’ai ouvert aux étudiants un sondage pour recueillir leurs impressions à chaud. Je vais maintenant tirer profit de ces réponses pour améliorer l’intégration de ce type de dispositif dans le scénario de mes cours magistraux. En tout cas, cette première expérience “grandeur nature” et le retour des élèves me confortent dans l’idée que les télévoteurs peuvent, dans certaines configurations, renforcer la motivation des étudiants à suivre un cours en amphithéâtre.

Visualisation par l'enseignant des résultats à une question ouverte

Visualisation par l’enseignant des résultats à une question ouverte

Aperçu du blog de veille technologique des étudiants en informatique de Centrale Nantes

Réactivation du blog de veille technologique en TIC par les étudiants de l’option Informatique de Centrale Nantes

Je crois fermement à l’intérêt des blogs comme outils de partage et de valorisation des travaux menés par les étudiants dans le cadre de leurs différents projets. C’est pourquoi, lorsque j’ai récupéré la responsabilité des projets de veille technologique en informatique à Centrale Nantes, j’avais proposé de nouvelles modalités pédagogiques :

  • l’écriture de compte-rendus bi-mensuels sur un blog dédié. Ce blog est volontairement ouvert sur l’extérieur de manière à favoriser les interactions non seulement entre les groupes d’élèves, mais aussi avec les acteurs extérieurs (professionnels du secteur, anciens élèves, etc.). Et nous avons effectivement constaté plusieurs d’échanges de ce type grâce aux commentaires du blog. C’est ainsi que les élèves ont été amenés à discuter avec des spécialistes du sujet qu’ils traitaient, ou se sont vus indiquer de nouvelles références bibliographiques pour approfondir leur étude.
  • la rédaction d’un rapport final conçu comme un document autonome et complet, ne se contentant pas d’être la concaténation des articles de blogs ;
  • une « soutenance » de 5 minutes pour inciter les élèves à être concis, précis et efficaces.

L’objectif d’un tel projet est d’habituer les élèves-ingénieurs à bâtir une veille technologique sur un sujet scientifique, c’est-à-dire : savoir rechercher l’information, faire preuve de discernement et d’esprit critique, synthétiser et partager l’information efficacement en fonction de la cible et du médium. Le fait que le blog soit complètement ouvert force les élèves à se responsabiliser sur la nécessité d’un travail personnel d’analyse, le respect du droit d’auteur, et plus généralement les règles de base de la communication écrite sur le web. Là où nous avions, auparavant, un certain nombre de rapports “plagiés”, nous avons constaté un regain d’intérêt de la part des élèves qui peuvent se servir de leur production comme un moyen d’illustrer, auprès des recruteurs, leur connaissance de tel ou tel domaine.

Le résultat des dernières années est toujours accessible en ligne, et je vous renvoie vers les articles que j’avais écrits à ce sujet en 2010 et en 2011.

Cette année, ce sont plus de 15 sujets qui vont être explorés au fil des semaines.

Aperçu de la plate-forme du MOOC ITyPA

Lancement du 1er MOOC francophone : “Internet, tout y est pour apprendre” (ITyPA)

Les possibilités d’Internet sont telles que, désormais, des cours complets sont proposés en ligne et gratuitement. Les MOOC (cours en ligne ouverts multi-apprenants) se multiplient.

J’ai la chance de participer en tant qu’animateur à l’aventure du MOOC baptisé « Internet, tout y est pour apprendre » (ITyPA), qui se déroulera du 4 octobre au 13 décembre 2012. Il s’agira du premier cours francophone de ce type. Il est accessible à tous gratuitement. Il ne vise pas que les enseignants et/ou chercheurs, mais concerne tous ceux qui sont amenés à utiliser Internet au quotidien, dans leur activité professionnelle ou extra-professionnelle.
Ce cours est axé autour de la question : « comment apprendre en ligne ? ».

Il balaiera un large panel de techniques, outils et méthodes pour repérer les sources d’information les plus intéressantes sur la toile, et contribuer à son tour à l’augmentation du savoir partagé dans un ou plusieurs domaines. Semaine après semaine, il abordera des thèmes tels que :

  • Comment gérer l’abondance des ressources disponibles sur Internet et s’assurer de la validité des sources ?
  • Comment gérer l’ensemble de ses ressources bibliographiques et annoter, commenter ou synthétiser ses recherches ?
  • Pourquoi intégrer ou créer une communauté en ligne pour apprendre ensemble ?
  • Comment utiliser les réseaux sociaux pour apprendre ?

Au cours de ces 10 semaines, les participants seront impliqués dans un apprentissage actif grâce à des échanges avec les animateurs et les autres inscrits. Ils seront invités à lire, commenter et publier eux-mêmes des ressources. Ainsi, à l’issue de ce cours, chacun aura été en mesure de construire son « environnement personnel d’apprentissage ».

Ce MOOC est animé par Anne-Céline Grolleau (ingénieure pédagogique à l’École Centrale de Nantes en charge du dispositif de formation inter-établissements “PedaTice“), Jean-Marie Gilliot (enseignant-chercheur à Telecom Bretagne), Christine Vaufrey (formatrice, rédactrice en chef de Thot Cursus) et moi-même. Le MOOC accueillera de nombreux invités, experts de leur domaine, au fil des semaines.

Pour en savoir plus, il suffit de vous rendre sur le site support de ce MOOC où vous trouverez :

Je vous conseille également de consulter le message annonçant l’ouverture de ce cours sur le site Thot Cursus.

N’hésitez pas à rejoindre cette aventure, comme l’ont déjà fait les 600 personnes d’ores et déjà inscrites à ce cours totalement ouvert !

Exemple d'échanges sur Twitter pendant la matinée du e-learning

Les réseaux sociaux en enseignement supérieur. Exposé à la Matinée du E-Learning.

Voilà plusieurs années que je mène différentes expériences autour de l’usage des réseaux sociaux à des fins pédagogiques. Il faut dire que je suis passionné de longue date par les potentialités qu’Internet a ouverte en termes de communication, d’échanges et de co-construction de ressources.

Faisant suite à ces expérimentations, j’ai eu le plaisir d’être invité à intervenir lors de la Matinée du E-learning du 3 février 2012, organisée à l’EM Lyon. L’événement avait pour thème “Twitter dans l’enseignement supérieur“.

Au cours de ma présentation, j’ai dressé le bilan des initiatives intégrant  l’usage de réseaux sociaux (notamment Twitter) dans des dispositifs pédagogiques déployés à l’École Centrale de Nantes depuis 2009. Mon diaporama peut être consulté (et téléchargé) en ligne. Mon exposé était relativement similaire à celui que j’avais donné, deux semaines auparavant, dans le cadre de la réunion des responsables TICE de la région Pays de la Loire. Si vous avez raté mon intervention à Lyon, je vous invite donc à découvrir mon propos dans la vidéo qui suit.

Ma conférence était suivie d’un exposé de Yann Bergheaud, juriste et responsable du e-learning à l’Université de Lyon 3. Il a apporté un regard complémentaire sur les enjeux légaux liés à l’usage d’un réseau social tel que Twitter en pédagogie. Il a notamment évoqué :

  • le droit d’auteur sur un tweet : dès qu’un tweet témoigne de la personnalité de l’auteur, il est protégé par le droit d’auteur. Il en découle que, dans une application stricte de la loi, l’auteur d’un tweet pourrait exiger de contrôler toute copie (retweet) ou modification de son propos initial de 140 caractères.
  • la question de la propriété d’un compte Twitter d’institution géré par un community manager contractuel. Cela ne semblerait pas poser de problème dans le cas d’un compte Twitter institutionnel tenu par un agent contractuel dont la principale mission inscrite à son contrat serait l’animation de l’identité numérique de l’établissement sur les réseaux sociaux. Ce serait moins évident dans le cas où l’animation du compte ne figurerait pas dans le contrat (avec une possibilité pour l’animateur du compte d’en revendiquer la propriété ?). En tout cas, le sujet paraît chaud aux Etats-Unis.
Après un certain nombre de mises en garde, Yann Bergheaud a modulé son discours en expliquant que le travail d’un juriste, c’est de montrer le pire, autrement dit tout ce qui peut arriver. Après, en tant qu’utilisateur, il s’agit de faire une analyse du risque. Et, dans le contexte de l’enseignement supérieur, le risque est modéré.
Il reste toutefois important de sensibiliser les étudiants au problème de la maîtrise de leurs données. Et de réfléchir, pour un passage à l’échelle de ces expérimentations, aux moyens logistiques et techniques qui permettraient aux établissements d’enseignement supérieur de proposer des solutions maîtrisables et traçables (telle l’installation, par exemple, de solutions libres sur leurs serveurs).

L’auditoire, composé d’une soixantaine de personnes, s’est en tout cas emparé avec passion de ces sujets. La matinée fut largement live-tweetée. De plus, certains participants ont réalisé une synthèse collaborative des échanges que je vous recommande.

Pendant les exposés, le public a partagé ses impressions en direct sur Twitter. Cela a contribué à la visibilité des échanges auprès d'un large public intéressé par les TICE, et pas uniquement envers l'auditoire présent à Lyon.

Pendant les exposés, le public a partagé ses impressions en direct sur Twitter. Cela a contribué à la visibilité des échanges auprès d'un large public intéressé par les TICE, et pas uniquement envers l'auditoire présent à Lyon.

La contribution d’étudiants de Centrale Nantes à des projets libres. Exposé à l’IRILL.

La philosophie du logiciel libre (entre autres : libre utilisation, libre redistribution, possibilité de modification et d’amélioration itérative d’un programme) me tient à coeur depuis de nombreuses années. Ce n’est pas un hasard si, quand j’étais étudiant, j’avais été amené à travailler sur une étude bibliographique de ce domaine.

Une fois recruté à l’École Centrale de Nantes en 2008, je tenais à proposer aux étudiants des projets autour du libre. De fil en aiguille – grâce également à des élèves motivés et des communautés ouvertes aux contributions estudiantines -, nous avons pu bâtir une collaboration solide autour de deux logiciels, OpenOffice.org d’une part, MarkUs d’autre part. Nous en avons dressé un bilan publié lors du colloque QPES’2011. Faisant suite à cette action de valorisation, nous avons été invités par Roberto Di Cosmo, Albert Cohen et Ivaylo Ganchev à présenter notre dispositif lors de la journée “Logiciels libres et enseignement supérieur”. Cet événement passionnant et très sympathique s’est tenu le jeudi 2 février 2012 dans les locaux de l’IRILL à l’antenne parisienne de l’INRIA. J’étais accompagné de Nelle Varoquaux et Benjamin Vialle qui ont participé à ces projets en tant qu’étudiants, et qui poursuivent leur action en tant que mentor maintenant qu’ils sont diplômés. Lors de l’intervention que nous avons réalisée ensemble, ils ont apporté un regard complémentaire sur ces projets, à la fois sur le défi (et l’apport) que cela représente et sur les tâches du mentor technique. Le diaporama de notre exposé figure ci-dessous.

Cette journée dédiée à l’intégration des logiciels libres dans l’enseignement supérieur constituait un événement rare et enrichissant. Il est remarquable de noter les ressemblances entre bon nombre d’expériences, notamment la récurrence du co-encadrement, avec un superviseur de l’équipe pédagogique d’une part, un mentor technique de l’équipe de développement d’autre part. Voici quelques pointeurs qui m’ont paru intéressants (je n’ai malheureusement pas pu assister à tous les échanges car je devais ensuite partir sur Lyon) :

  • L’Université Paul Sabatier et la communauté KDE ont proposé pendant 5 ans des projets libres aux étudiants, sous l’impulsion de Kevin Ottens.
  • La MIAGE de l’Université d’Evry dispose d’un projet dédié à la contribution des étudiants à des modules développés par la fondation Mozilla : le projet CoMETE concerne ainsi plusieurs dizaines d’élèves chaque année.
  • À l’Université de Paris VIII, Ivaylo Ganchev et Karine Mordal proposent depuis cette année aux étudiants de participer à des projets libres, notamment autour de VideoLAN.
  • Concernant VideoLAN/VLC, qui est justement un projet issu de l’École Centrale de Paris, Jean-Baptiste Kempf est revenu sur la génèse du logiciel. Un développement qui s’est éloigné de son établissement d’origine (malheureusement pour ce dernier), mais dont 80% des contributeurs restent des anciens élèves de Centrale Paris.
  • L’Université du Littoral dispose de la seule formation diplômante au niveau Master 2 dans le secteur du logiciel libre : le Master Ingénierie du Logiciel Libre, qui va changer de modalité à partir de la rentrée 2012 et devenir un cursus par apprentissage.

Il était bien plaisant de constater que les initiatives pour intégrer le libre dans les cursus d’enseignement supérieur ne sont pas isolées. Espérons que le mouvement ne fera que s’amplifier dans les prochaines années !